Bénin: «Pour son vrai rayonnement, la femme doit se battre et s'affirmer», selon Léontine Michaï

A loccasion de lédition 2018 de la journée internationale de la femme, quavez-vous à dire aux femmes béninoises?
En toute sincérité, je voudrais dire à toutes les femmes de consacrer désormais cette journée et tous les jours dailleurs à des réflexions, actions et non à la fête. A celles qui réclament la parité, je dis avec conviction quelle nest pas la panacée. Je reconnais que ladministration est une vraie jungle dans laquelle on ne fait pas de cadeau aux femmes. Pour son vrai rayonnement, la femme doit se battre, saffirmer et simposer par le travail bien fait. Au plan politique, les autorités politico-administratives ont lobligation duvrer à légiférer pour un meilleur positionnement des femmes qui militent au sein des partis. Puisque là, il sagit dune vraie bataille à lissue de laquelle les femmes sont souvent trahies. Je voudrais demander aux époux de ne pas empêcher les femmes de militer dans des partis politiques de leur convenance. En effet, les femmes ont dimmenses atouts et peuvent encore apporter beaucoup de choses à leur nation. A ce niveau, il me paraît impérieux dinsister sur linstruction et léducation des filles.
Avec le recul, quelle appréciation faites-vous de la gestion du président Boni Yayi?
En ce qui concerne les dix ans du président Boni Yayi, je dois être honnête. Il a fait ce quil a pu. Diriger un pays nest pas facile. Je ne dirai pas mieux. Mais de façon personnelle, jai fustigé et dénoncé les légèretés et surtout les improvisations érigées en mode de gestion pendant ses dix ans à la tête de lEtat. Je ne peux pas admettre une gestion sans méthode. Dans tous les secteurs pratiquement, il y a eu des problèmes. Le cas des recrutements de policiers, militaires et gendarmes me vient à lesprit. Il y a des recrutements dagents de sécurité et de défense sans la moindre rigueur. Aucune enquête de moralité na été faite en amont. Et, cela est très dangereux. Auparavant, cette enquête de moralité primait sur tout autre chose. Cela justifie dans une certaine mesure, la recrudescence de linsécurité. A titre dexemple, au ministère des travaux publics et transports où jai travaillé, lautorité prenait des initiatives et des décisions sans consulter les spécialistes. On procède au lancement des routes et autres infrastructures sans des études bien faites auparavant. Convaincue de la nécessité de réformer les choses, jai uvré à ma manière pour lavènement du régime de la rupture. Et cest justement pour cela que je mintéresse aux actions des autorités actuelles.
Alors, quelle est votre appréciation de la gestion de lEtat à lère de la rupture ?
Depuis deux ans environ, je vois que des réformes courageuses sont en cours dans tous les secteurs. Le président Patrice Talon est en train, avec audace, de poser des jalons solides pour le développement du Bénin. La question du déguerpissement et de la libération des espaces publics, la lutte contre les faux médicaments, il le fallait un jour. Lurbanisation de certaines localités est lancée sans tambours ni trompettes. Ce qui se passe aujourdhui dans le domaine des TP augure dun lendemain meilleur dans le secteur puisque tous les chantiers lancés doivent être livrés. La preuve, les vrais acteurs sont associés. Les procédures sont respectées. Pour avoir côtoyé le président Patrice Talon, je sais quil est un homme de rigueur, dordre et de synthèse. Cest cela qui caractérise sa gestion. Il fait tout pour le bien-être du peuple. Il imprime la bonne gouvernance. Les audits ont été commandités, des résultats confiés à la justice. Des personnes impliquées dans des malversations sont déjà en prison. Ce qui veut dire quil ny aura plus de place à limpunité. Autant d'actes d'espoir qui rassurent. Le pays ne peut pas évoluer sans qu'on ne punisse les coupables. Cet assainissement est nécessaire. Au plan social, pour ne pas être exhaustive, je donne quelques exemples. En ce qui concerne les retraités dont je fais partie, notre pension a connu une amélioration sensible. En plus de cela, le calvaire qu'on vivait à la perception est désormais du passé. Les agents en activité perçoivent régulièrement leur salaire. Les jeunes ne sont pas du reste. Des recrutements sont annoncés. Depuis l'avènement de ce régime, des concours de recrutement dagents permanents de lEtat sont organisés dans des conditions de transparence. La cantine scolaire, les microcrédits aux plus pauvres, lassurance pour le renforcement du capital humain (Arch) et dautres programmes ont été restructurés pour impacter durablement la population. À cette allure, l'avenir est plus que radieux. Cest conscient des objectifs à atteindre que le président Patrice Talon a su se faire entourer des hommes de qualité. Depuis le 6 avril 2016, chaque ministre fait bien son travail. Cest une bonne équipe de combat et je voudrais quil en soit ainsi jusquà la fin du mandat. Aussi, voudrais-je linviter à penser à ceux qui partagent réellement les idéaux du nouveau départ. Car, de plus en plus, on a limpression que les vrais géniteurs du régime sont en train dêtre oubliés. Je conseille aux autorités, en loccurrence les ministres et les cadres deux choses : la conservation des archives et la communication. Pour réussir sur le plan politique et économique, je voudrais suggérer au gouvernement de communiquer au fur et à mesure, les vraies informations au peuple pour éviter les intoxications. Je sais que cest un homme méthodique, de vision, dendurance et de défis. Avec tout ce quil ambitionne de faire, notre pays peut beaucoup tirer de lui sur plusieurs générations. Cest une chance, une aubaine pour le peuple.
Un appel à lendroit des syndicalistes en grève depuis deux mois
Je été syndicaliste au ministère des travaux publics et des transports. La paralysie de ladministration et des secteurs de léducation, de la santé depuis quelques mois est une très mauvaise chose. La preuve, elle freine le développement du pays. Cest pour cette raison que jinvite les syndicalistes à privilégier le dialogue. Il est grand temps quils comprennent les réalités socioéconomiques du pays et saisissent la main tendue du gouvernement qui a malgré tout, fait des efforts. Cest en ma qualité de syndicaliste que jexhorte mes camarades enseignants, agents de santé et de justice à reprendre le chemin de leur service respectif. Lenjeu, cest le Bénin et non Patrice Talon.
Un mot pour conclure lentretien
Je voudrais demander aux femmes duvrer pour leur autonomisation dans lamour et la solidarité. Partout, la femme a lobligation de faire preuve de dignité et de compétence. Aux détracteurs du nouveau départ, jen appelle au sens de patriotisme. À l'endroit des populations, je demande un peu plus de sacrifice, de patience, de foi et de soutien au programme d'action du gouvernement (Pag). Les pays tels que les Usa, la chine, le Japon, Singapour et autres que nous aimons citer ont pris par là. Tout en félicitant les autorités actuelles pour la volonté affichée, je leur dis de continuer les réformes courageuses pour révéler le Bénin au monde entier.
Bref aperçu sur le parcours dune femme battante
Dans ce mois de mars qui tire à sa fin où la communauté internationale célèbre la femme, il y a une qui a bien voulu donner son opinion sur la condition de la gent féminine. Il sagit dune femme exceptionnelle. De par ses compétences, elle fait particulièrement la fierté de la couche féminine et du Bénin. Léontine Assiba D. KINMAGBAHOHOUE MICHAÏ est son nom. Véritable amazone des temps modernes, elle a démontré tout au long de son parcours professionnel que la femme est bien capable de beaucoup de choses au même titre que lhomme. Contrairement à ceux qui se noient dans des préjugés et estiment que la femme est de « sexe faible » et conçue exclusivement par Dieu pour exercer des métiers faciles ou de basse classe. Elle simpose sans nul doute comme un modèle à présenter non seulement à la gent féminine, mais aussi à tous ceux qui désirent émerveiller le monde. Ingénieur des travaux publics de profession, elle a occupé plusieurs postes non moins négligeables. Affectueusement surnommée dame de fer, compte tenu de sa rigueur et de son professionnalisme, elle a été respectivement directrice des pistes rurales, secrétaire permanente du programme dappui au sous-secteur du transport rural, conseiller technique, chargée du suivi des projets et programmes au ministère de leau. Bien quétant à la retraite, elle est encore en action. La preuve, elle exerce en tant que consultante auprès des Pays-Bas et de la Danida. Elle est aussi par ailleurs, membre du conseil dadministration de lAgence de leau. Léontine Michaï, très préoccupée par sa profession, ne sintéresse pas trop la politique. Toutefois, pendant les élections présidentielles de 2016, elle a mis sa capacité de mobilisation en jeu pour mouiller le maillot au profit du président Patrice Talon. Membre active de lAmicale des Cadres Retraités de lAdministration des Travaux Publics et des Transports (ACRATPT), elle occupe la trésorerie générale.