Entretien avec Léonce Houngbadji: Vision, idéologie et ambitions du Plp

Léonce Houngbadji: Président du Plp

La vocation première du PLP est de faire en sorte que « les Béninois deviennent le cœur de la vie politique et non le décor ». Comment comptez-vous y arriver ?

Au PLP, nous agissons dans le respect d’une vision claire et assumée, nourrie par le débat d’idées, et non le débat de personnes que nous impose aujourd’hui le régime en place. 
Faire de la politique aujourd’hui ne peut plus, et ne doit plus être un business, un fonds de commerce. Tout le monde est concerné. La politique ne doit pas seulement consister à voter à échéance régulière et/ou à être élu ou nommé, mais également et surtout à faire avancer les choses avec sérieux et bienveillance, à tous les niveaux de responsabilité.
Nous travaillons pour mettre en place une politique qui dépasse les vieux clivages et qui produira à coup sûr des résultats probants. Nous sommes ouverts à toutes celles et ceux qui partagent le constat de blocage de notre pays et qui se retrouvent dans les valeurs qui guident notre réflexion et notre action : l’attachement au travail, au progrès et au risque, une égale passion pour la liberté et la justice, un attachement béninois profond et exigeant à la République, une croyance inébranlable dans l’énergie de notre pays, pour lui redonner confiance. 
En nous affranchissant des clivages qui arrièrent notre pays et enferment les Béninois dans la misère, c’est sur ces valeurs, sur un mode d’engagement rénové, sur notre cohérence et notre volonté d’agir et de réussir, que nous devons redresser notre pays. 
Je suis convaincu que nous pouvons, par le renouvellement aussi bien des idées que des actions et des visages, transformer notre classe politique et notre société en général. 
Le PLP a l’ambition d’être un réel laboratoire d’analyses et de propositions pour donner un horizon plus serein à nos concitoyens. 
Le Bénin a besoin de tous ses fils et filles pour se construire. Construire son développement, bâtir l’État-Nation englué dans de sérieuses contradictions, élever le niveau de conscience de sa population sont des défis quotidiens auxquels il faut faire face avec intelligence. Ce qui est loin d’être le cas, à voir la paupérisation sans cesse croissante de la plupart de nos concitoyens malgré les multiples recettes expérimentées depuis l’indépendance de notre pays, en 1960.
Sans verser dans un alarmisme primaire, force est d’admettre que les indicateurs socio-économiques montrent que le Bénin ne se porte pas bien du tout. L’appareil étatique, le tissu économique et tout le corps social nécessitent des transformations immédiates qui en appellent à la responsabilité de chaque acteur concerné. 
Des mesures profondes sont à mettre en route indépendamment de toutes considérations politiciennes, voire électoralistes. Ainsi, il faut une équipe, des citoyennes et des citoyens capables de porter ce nouvel idéal de l’instauration d’une société de partage, de valeurs morales, une société où la dimension centrale de l’Homme sera le leitmotiv à tous les échelons. 
Le développement se construit pour l’Homme et par l’Homme ; l’ouvrier, le dirigeant, le paysan, l’artisan, le fonctionnaire, l’élu sans apartheid en fonction de la race, de la religion, du sexe ou de la condition sociale. Chacun avec ses mérites, en veillant à l’égalité de tous face à la République.    
En cela, le Parti pour la Libération du Peuple (PLP) a décidé de porter ce challenge de transformation de notre société à travers des réformes non pas imposées par des experts automates, mais suscitées par les besoins tirés du vécu quotidien des citoyens et tenant compte des défis sous-régionaux, régionaux et internationaux.
Face au tableau peu reluisant des conséquences des différentes politiques mises en place ces dernières années, le Parti pour la Libération du Peuple (PLP) a puisé dans ses compétences propres pour sortir des solutions adaptées à chaque type de défi. 
Le Parti pour la Libération du Peuple (PLP) a refusé la formule du catalogue d’intentions fourni par des cabinets d’experts tarifés au profit des débats internes, pour déboucher sur un pacte unique, celui des militants à la rencontre de leur peuple. Ce qui a abouti aux idéaux convenus d’accord-partie dont les principaux axes demeurent l’affirmation et l’attachement au modèle démocratique, l’État de droit, l’équité sociale, l’unité et l’intégrité du territoire national, tout en œuvrant pour une intégration économique et politique sous-régionale et régionale.
Ainsi, à propos des droits de l’Homme, le Parti pour la Libération du Peuple (PLP) est attaché au respect des droits fondamentaux de l’homme consacrés par la Charte Internationale des Droits de l’Homme et tous les instruments internationaux de protection des droits humains, ratifiés par notre pays, ainsi que toutes  les  libertés  démocratiques,  à savoir  les  libertés  d’opinion,  d’association, de circulation, de culte, de pensée, de réunion, d’entreprise et de presse. 
Au plan strict de l’État de droit et de la démocratie, le Parti pour la Libération du Peuple (PLP) ne reconnaît que la voie des urnes pour la conquête du pouvoir d’État ; la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) en respect de la Constitution du 11 décembre 1990 ; le renforcement du processus de décentralisation ; une réforme efficiente du système partisan en vue d’une meilleure gestion des partis politiques au service de la communauté nationale tout entière.
Au plan de l’équité sociale, nous œuvrons pour garantir le droit à la vie pour chaque Béninois, à travers l’accessibilité aux services sociaux de base, à savoir l’éducation, la santé, l’emploi, le logement, l’autosuffisance alimentaire ; le plein épanouissement aux femmes et aux jeunes à travers des programmes spécifiques destinés à éliminer les barrières érigées par les pratiques inhibitrices du développement intégré ; la lutte contre les discriminations.
Au plan structurel, il est urgent de redonner espoir au citoyen premier artisan du fonctionnement des institutions de la République, à commencer par l’administration publique, en l’occurrence en ce qui concerne les conditions de vie et de travail, de sorte à la débarrasser de la politisation, de la corruption et de l’instrumentalisation à des fins partisanes.
Au plan de l’unité nationale et de la sauvegarde de l’intégrité territoriale, toute remise en cause des limites territoriales est proscrite par les principes fondateurs du Parti pour la Libération du Peuple (PLP) ; il est donc envisagé de garantir à toutes les entités culturelles, confessionnelles, linguistiques, cultuelles, la plénitude de leur expression sans préjudice aux autres ; la préservation de la diversité biologique en vue d’une agriculture sans risque fait partie de cette quête de sauvegarde du territoire national.
Enfin, travailler à accélérer l’intégration économique et politique au niveau des instances sous-régionales que sont l’Uemoa, la Cedeao et l’Union Africaine.

Pourquoi avoir bâti votre projet de société« Une volonté pour le Bénin » ?

Nous avons baptisé notre projet de société : « Une volonté pour le Bénin », en considérant les mutations économiques à opérer et qui prennent essentiellement en compte le citoyen en tant que principal levier, comme indiqué déjà dans notre préambule. La bonne gouvernance et la réforme des institutions constituent la base du succès de ce projet.
L’objectif clairement affiché à travers ce projet est de construire un Bénin de type nouveau où tous les acteurs de la vie sociopolitique et économique sont conviés à se mettre sur la rampe de développement. Tout doit être fait pour les intérêts des travailleurs et des populations en général, à travers des directives ayant recueilli au préalable leurs contributions respectives, au moment de l’élaboration, puis leur adhésion totale lors de la mise en œuvre. Est venue l’ère de la construction nationale par des nationaux aguerris désormais plus engagés dans la modernisation de la cité.
L’option idéologique du Parti pour la Libération du Peuple (PLP) est l’économie de marché à dimension sociale, ou la social-démocratie. Elle donne un rôle important à l’État en tant que régulateur de l’appareil de production, notamment pour ce qui est de la redistribution des richesses nationales. 
Le Parti pour la Libération du Peuple (PLP) se propose de veiller à un engagement franc de l’État à promouvoir l’accès à l’emploi aux jeunes. Pour y parvenir, il faut une administration totalement performante. À l’État moderne, des défis modernes. La chaîne de production nationale doit être une garantie pour l’épanouissement de chacune de ses composantes, sans exclusive.
Pour parvenir à l’atteinte de tous ces objectifs, le Parti pour la Libération du Peuple (PLP) compte beaucoup sur l’incommensurable vivier culturel du Bénin. Il s’agira de mettre son abondante sagesse ancestrale dans toute sa diversité au service de la solidarité nationale. Sans oublier l’importante part contributive de cette culture dans la production de la richesse nationale. Nous comptons donc nous appuyer sur les potentiels touristiques longtemps galvaudés et souvent négligés au profit d’autres filières profitables pour les seules multinationales à vocation mercantile. L’identité nationale sera désormais le ferment intégrateur autour duquel peut s’opérer l’harmonie nécessaire à l’accomplissement des idéaux communs. La patrie a grand besoin, de la part de tous ses fils, d’une tolérance réciproque et d’une meilleure connaissance des entités culturelles diverses vivant sur notre territoire commun depuis des siècles. 
De façon plus concrète, le Parti pour la Libération du Peuple (PLP) s’est beaucoup investi dans le diagnostic de la mauvaise gouvernance au Bénin. À ce titre, il existe une impressionnante documentation sur le sujet. Des rapports d’organismes, des études d’experts, des mémoires d’étudiants, des travaux de chercheurs, des rapports administratifs, tous ont été consacrés aux défis de développement du Bénin. Les gouvernements successifs en ont pris connaissance et en ont fait ce qu’ils pouvaient, en fonction des contingences et des ambitions du moment. 
Les problèmes du Bénin sont connus : la pauvreté et le chômage, aggravés par la mal gouvernance, la corruption, l’impunité, le népotisme et les conflits d’intérêts. Il nous faut maintenant passer à la vitesse supérieure pour remettre le pays en mouvement, afin de redonner espoir aux populations. 
Pour débloquer le Bénin, il nous faut d´abord revenir à nous-mêmes, en consolidant notre vouloir-vivre ensemble, en magnifiant notre fierté d’appartenance à une Nation de paix, en renouant avec notre destin, celui d’un Bénin qui ose, uni, tolérant, prospère, riche de l’intelligence de ses fils et filles, et ouvert sur le monde.