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Michel ADJAKA : "Notre réplique est au diapason de l'affront que nous avons reçus"

Publié par Benn

Le Président de l'Union Nationale des Magistrats du Bénin (Unamab), Michel Adjaka était, dimanche 07 janvier dernier, sur l'émission "Sans langue de bois" de Soleil Fm. La décision de paralyser l'administration judiciaire 5 jours/5 par l'Union à l'issue de son Assemblée générale extraordinaire tenue, jeudi 04 janvier 2018 était le principal sujet abordé au cours de cette émission.

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Extraits des propos de Michel ADJAKA, Président de l'UNAMAB sur Soleil Fm

"...Au niveau de la Magistrature, nous estimons qu'il vaut mieux avoir la liberté dans la pauvreté que l'opulence dans l'esclavage. Et donc nous préférons garder le droit de grève pour défendre nos droits acquis que de le perdre et d'aller à un contrat de négociation, commercialisation ou de marchandisation du droit de grève. Le droit de grève n'est pas à vendre, nous ne sommes pas des négociants des droits publics. Que des gens qui ont toujours vénéré l'argent estiment que d'autres citoyens doivent le faire comme eux, tout le monde n'est pas là pour mettre l'argent à la place de Dieu...il ne s'agit pas d'argent, c'est une liberté qui est en péril, c'est une liberté qu'ils ont mis sous mandat de dépôt qu'il faut délivrer à tout prix. Et elle sera délivrée.

Le Garde des sceaux ne peut pas m'enseigner la mise en oeuvre d'une action syndicale. Il n'a jamais été syndicaliste. Pour modifier subrepticement, en catimini, et de façon insidieuse les textes qui touchent la magistrature, il ne nous a pas donné un ultimatum et donc de quel ultimatum il parle ? et quel est le texte qui consacre cet ultimatum, quel est le texte qui le consacre?...Il n'y a pas un délai de préavis pour déclencher un mouvement de grève. Je demande au ministre de lire attentivement la loi sur l'exercice du droit de grève au Bénin pour se convaincre de la pertinence de la démarche de l'UNAMAB. Je ne suis pas à ma première grève.

Le contrat qu'on nous propose aurait pu intéresser certains d'entre nous. On dit venez prendre de l'argent pour créer un BMP au niveau de la Justice, on veut que vous ayez un BMP judiciaire, c'est à dire nous faisons exactement comme les députés de la majorité, le gouvernement veut quelque chose, nous le faisons. C'est le peuple qui va en pâtir. Si nous rentrons dans ce contrat, quand bien même votre cause sera engagée et sera bonne, vous ne pouvez pas gagner si vous êtes en face de quelqu'un qui est proche du pouvoir...et rien ne peut se passer parce-que le CSM est envahi par les gens de l'exécutif et du Parlement, puisque les 3 pouvoirs sont dans la compromission et dans la complicité, on ne peut nous poursuivre même si nous sommes corrompus, nous faisons du n'importe quoi et rendons des décisions qui ne sont pas conformes aux textes de la République, donc nous avons dit que ce contrat ne nous intéresse pas...face à la facilité et l'argent gratuit, nous préférons notre liberté. Notre réplique est au diapason de l'affront que nous avons reçus. S'il était possible de faire grève le weekend, nous aurions rajouté le samedi et le dimanche.

Les décisions de la Cour Constitutionnelle sont sans recours, je suis juriste. Mais vous êtes dans le pays, qui a le plus violé ces derniers temps les décisions de la Cour Constitutionnelle? Le Chef de l'Etat et son gouvernement sont passés maîtres dans la violation des décisions de la Cour Constitutionnelle. Et nous avons toujours déploré cela. L'Assemblée Nationale, récemment, elle continue de violer, puisqu'elle a violé il y a quelques années, elle a encore violé à nouveau la décision de la Cour Constitutionnelle. Il n'y a que le pouvoir judiciaire, les magistrats qui n'ont jamais violé les décisions de la Cour Constitutionnelle.

Vous promulguez une loi, vous voulez qu'on respecte votre signature alors que vous ne respectez pas la signature du Président de la Cour Constitutionnelle de votre pays. Dans une République, il faut un équilibre. Eux, ils ont violé, ils ont déjà déséquilibré le système. Il faut ramenez le système à l'endroit et en son temps nous allons faire l'effort de ramener le système à l'endroit. Si la Cour Constitutionnelle dit que la loi est conforme à la constitution, nous allons aviser...Notre grève a une motion qui date du 4 janvier 2018, donc quel que soit ce qui va advenir, notre grève est antérieure au nouveau régime qu'il prépare. Donc laisser nous conduire sereinement et professionnellement le mouvement en cours et nous allons aviser. On croise les bras et on observe. C'est un train qui n'a plus de frein qui évolue. Donc le train est en train d'aller à destination. Donc on est dedans, on est embarqués. Advienne que pourra!

Toute réquisition concernant les Magistrats est non avenue et de nul effet. Ce n'est pas la première fois que nous avons refusé des réquisitions des gardes des sceaux. Par le passé, déjà en 2006, il y avait eu des réquisitions qui n'ont jamais été suivies d'effets. Depuis que je suis Président de l'UNAMAB, je n'ai jamais respecté une réquisition, les collègues n'ont jamais observé une réquisition..."