Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Emission « POLITITIA »: Ce que Léonce Houngbadji et Honoré Lokossa ont dit sur Africa24

Publié par Benn M.

Dans la première partie de l’émission « POLITITIA » sur Africa24, la semaine écoulée, Léonce HOUNGBADJI a été on ne peut plus clair sur les causes profondes de la fronde sociale et politique au Bénin : « Les salaires politiques choquants; la gouvernance antisociale; le mépris vis-à-vis des partenaires sociaux et du peuple; la répression des libertés démocratiques et syndicales (le syndicaliste Patrice Trèkpo, officier des eaux et forêts, est radié de la fonction publique pour ses opinions, un autre syndicaliste à la retraite, membre de l’opposition, Laurent Mètongnon, est emprisonné depuis bientôt trois mois pour ses opinions aussi); l’absence de dialogue inclusif et sincère avec l’opposition et les travailleurs; le vote, les yeux fermés, de lois scélérates et liberticides (lois sur le renseignement, le secret de la défense nationale, l’identification des personnes physiques, les collaborateurs externes… dont la finalité est la mise en place d’une police politique pour mieux traquer les opposants et désorganiser la fonction publique; les réformes politiques et sociales imposées (proposition de loi sur la charte des partis politiques, le retrait du droit de grève); la non installation du Cos-Lepi malgré les injonctions de la Cour Constitutionnelle; la violation répétée des décisions de la Cour Constitutionnelle et de la Constitution; les conflits d’intérêts et le clientélisme au sommet de l’Etat; la lutte sélective contre la corruption et l’impunité; les contrats léonins; les privatisations opaques des entreprises publiques (Port, aéroport, Sonapra; la « ruse et la rage » érigées en système de gouvernance pour piller le pays afin de « surgir, agir et disparaître »; la suppression des emplois et des mesures sociales, la politisation du Conseil supérieur de la magistrature pour mieux le contrôler (heureusement que la Cour Constitutionnelle a mis le gouvernement à sa place) … » 

Le Président du Parti pour la Libération du Peuple (PLP) mettait toujours deux à trois exemples palpables devant chaque dénonciation. Aucune affirmation gratuite n’a été faite sur le plateau : « Le chef de l’Etat dit que les caisses de l’Etat sont vides et se voit obliger de payer les salaires sur des crédits. C’est lui-même qui l’a confessé aux syndicalistes de la santé. En moins de deux ans, il a doublé la dette du Bénin, passant de 2.000 milliards de F Cfa (dettes contractées sous Kérékou, Soglo et Yayi) à 4.000 milliards de F Cfa. Incapable de mobiliser les ressources pour financer son programme d’actions de gouvernement, il joue sur la pression fiscale et demande à ses compatriotes déjà frappés par la misère du fait de ses réformes inefficaces de se serrer la ceinture, de patienter. Et pendant qu’il demande au peuple de faire ces sacrifices, lui et son clan minoritaire au pouvoir se servent d’abord. Les préfets sont à 5 millions par mois; les ministres 8 à 16 millions par mois (un ministre béninois gagne plus qu’un président français, plus qu’un secrétaire d’Etat américain…); les directeurs de cabinet, leurs adjoints, les secrétaires généraux et leurs adjoints dans les ministères ont des rémunérations choquantes : 2.300.000 à 1.700.000 par mois. Combien gagnent le président de la République et ses nombreux collaborateurs extérieurs venus de l’étranger? Mystère. Pendant ce temps, le travailleur qui produit la richesse gagne 37.000 F Cfa le mois. C’est donc normal que la demande sociale monte d’un cran ». 

Regard sur la gouvernance du Président Talon

Dans la deuxième partie de l’émission, le plateau a changé : Léonce HOUNGBADJI, Honoré LOKOSSA et Séraphin NOUDJENOUME. En réalité, Maxime AVOGNON, qui devrait rester, s’est rapidement désisté au profit de Séraphin NOUDJENOUME. Il a fui en fait. Cette partie de l’émission portait sur : « Regard sur la gouvernance du Président Talon ». Ici encore, Léonce HOUNGBADJI et Honoré LOKOSSA de l’opposition, preuves à l’appui, ont démontré comment la gouvernance de Patrice Talon est une calamité pour le Bénin. « Le chef de l’Etat estime qu’il a été élu avec 65% des suffrages exprimés et qu’il ne fait qu’appliquer ce qu’il avait promis (il oublie que c’est grâce aux voix de Sébastien Ajavon qu’il a été lu et qu’il n’avait que 24,80% au premier tour). Donc, il peut se permettre de tout faire, gérer le pays comme il veut, piller, jeter les opposants en prison ou les faire exiler, désarticuler la fonction publique, humilier le Bénin sur la scène internationale… jusqu’en 2021. Il aurait souhaité qu’on se taise pour le laisser siffler la démocratie et l’Etat de droit. C’est sa conception de la démocratie, du pouvoir. Elle est dangereuse. Il dit qu’il a été lu sur la base d’un programme et qu’il faut qu’on le laisse le dérouler. Je l’ai relu et nulle part, il n’a été question de casser l’outil de production des populations, des petits commerçants (je fais allusion aux déguerpissements dans nos villes, surtout à Cotonou, qui a fait monter la misère d’un cran); de s’accaparer avec arrogance du patrimoine national (dans quel pays un président de la République vend, fixe le prix et achète un domaine public à 900 millions de F Cfa ?); de prendre en otage, par des privatisations déguisées, opaques, le port, l’aéroport, le coton…; durant la campagne présidentielle, il n’avait pas dit qu’il allait nommer ses cousins, cousines et nièces à la tête de nos ambassades à l’étranger : Boniface Vignon au Brésil et Clément Noukpo Kiki au Canada, par exemple; dans son projet de société ou dans son programme d’actions, nulle part, il n’a été écrit le lynchage médiatique de la Cour Constitutionnelle jusqu’à faire démissionner un conseiller dans la dynamique machiavélique de démolir l’institution et d’humilier son président qui prend des décisions dans l’intérêt de la République et non dans l’intérêt du clan au pouvoir; nulle part il n’a été dit et écrit que la justice sera transformée en chambre d’enregistrement pour réduire les opposants au silence…Si le chef de l’Etat avait expliqué cette conception qu’il a de la démocratie et de l’Etat de droit aux Béninois, durant la campagne électorale, jamais, il ne serait aujourd’hui à la tête du Bénin. La déception du peuple est grande aujourd’hui. Il s’est trompé et il regrette amèrement », a expliqué le Président du PLP. Honoré Lokossa, représentant du FSP dans la diaspora, a abondé dans le même. Il a particulièrement mis l’accent sur les conflits d’intérêts au sommet de l’Etat et les marchés de gré à gré attribués aux sociétés appartenant aux dignitaires du régime : « Bénin Control Sa, Webb Fontaine Group, Atral et consorts règnent en maitres au port avec le PVI-NG, la Sodéco du chef de l’Etat qui prend en otage le coton, la gestion du parc animalier de la Pendjari confiée en gré à gré à une Ong Sud africaine, la réalisation du Ravip confiée à Safran toujours en gré à gré, les cabinets d’audits des parents, alliés et amis dont Fiduciaire d'Afrique de Johannes Dagnon, cousin du chef de l’Etat et son conseiller spécial, qui réalise les audits ciblés… » 

Lepi : une question de vie ou de mort pour le Bénin

Pour Léonce Houngbadji, la question de l’actualisation de la liste électorale est une question de vie ou de mort pour le Bénin. C’est pourquoi il a interpellé la communauté internationale pour qu’elle exerce les pressions nécessaires sur le gouvernement pour que les membres du COS-LEPI soient immédiatement installés. « En Afrique, la liste électorale est souvent à la base des conflits. Nous n’en voulons pas au Bénin. C’est la raison pour laquelle, je demande aux Nations Unies, à la France, à l’Union Européenne et aux Etats Unis de ramener les autorités béninoises sur le droit chemin, avant qu’il ne soit trop tard », a-t-il prévenu. « L’Assemblée nationale joue le jeu dangereux du gouvernement qui veut remplacer la Lepi par le Ravip du fraudeur Safran. Les injonctions de la Cour n’ont pas été respectées. Des recours sont déposés à la Cour pour condamner le chef de l’Etat pour haute trahison parce qu’il est le garant de la Constitution et de l’application des décisions de la Cour et il n’a rien fait dans ce sens. L’autre preuve de la vassalisation des institutions de la République, c’est lorsque l’Assemblée nationale refuse d’informer la Cour Constitutionnelle du refus du gouvernement de répondre à 14 de ses questions écrites. Il y a manifestement outrage au parlement et je crois que là-dessus, il y a des recours déposés à la Cour. Les citoyens défendent eux-mêmes maintenant la démocratie. Il revient à la Cour de prendre ses responsabilités », a déclaré le Président du PLP.


Emploi des jeunes : le mensonge du gouvernement mis à nu

 
Le Président du PLP a fait observer que contrairement à l’annonce de la création de 12.000 emplois par le gouvernement, en deux ans, sur les 500.000 annoncés pour le quinquennat, à raison de 100.000 par an, on assiste plutôt à la suppression des emplois dans l’administration publique et même dans le privé du fait de la pression fiscale et du blocage de l’économie qui font fermer les entreprises privées. « Les 12.000 emplois sont créés où, dans quel secteur d’activités ?», s’est demandé Léonce Houngbadji. En face, les téléspectateurs ont constaté le dilatoire de Séraphin Noudjènoumè, incapable de dire dans quels ministères ou directions ces 12.000 emplois ont été crées. 


Naufrage en direct pour la mouvance


Lors du troisième et dernier plateau, consacré à « ce qu'attendent les Béninois du pouvoir », qui devrait donner un schéma d’un opposant contre un mouvancier, les trois représentants du pouvoir n’ont pas pu s’entendre pour désigner leur représentant. Maxime AVOGNON avait déjà fui après le premier plateau. Il ne restait donc que Me Malick FALOLA et Séraphin NOUDJENOUME. Ce dernier a déjà fait deux plateaux. Logiquement, c’est Me Malick FALOLA qui devrait prendre sa place. Mais les deux autres se sont farouchement opposés. Me Malick FALOLA s’est fâché et a quitté le studio, Séraphin NOUDJENOUME ne voulant pas du tout de lui (il a peur qu’il soit noyé ou pulvérisé par l’opposition). Du côté de l’opposition, Léonce Houngbadji a cédé sa place à Honoré Lokossa pour le troisième plateau. Mais la division au sein des trois représentants de la mouvance a conduit au maintien du deuxième plateau pour finir le débat. Au premier plateau, il y avait deux mouvanciers contre un opposant; deuxième plateau un mouvancier contre deux opposants. Le troisième plateau devrait être un opposant contre un mouvancier mais l’incompétence et les disputes au sein des délégués de la mouvance ont fait maintenir le deuxième plateau. C’est le lieu de féliciter l’équipe d’Africa24 pour son professionnalisme. « Les Béninois attendent la mise en place sans délai du Cos-Lepi, ils veulent des assises nationales pour revoir la gouvernance du pays, ils exigent la libération des détenus politiques et des étudiants injustement arrêtés à Abomey-Calavi, le retour au pays des exilés politiques, la fin des conflits d’intérêts au sommet de l’Etat, ils veulent manger, circuler librement, ils veulent de l’emploi, ils demandent au chef de l’Etat de penser moins à lui-même, de retourner vers les fondamentaux de la gouvernance, d’opérer moins de soustraction dans les acquis positifs, de se tourner vers l’amélioration de leur quotidien et une planification objective pour leur avenir… », a conclu Léonce Houngbadji.