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CHRONIQUE : La Saint Valentin ou la rhétorique des délires mondains

Publié par Noé DOTOU

 

    Célébrer le 14 février sans cesse c'est bon. Mais le célébrer sans sexe serait encore mieux.  La Saint Valentin, fête des amoureux vous avez dit! La saga des désinvoltures sexuelles d'une journée complètement défigurée oui!  Dans  l'ouvrage "Saint-Valentin, mon amour !", paru aux éditions Les Liens qui libèrent, l'historien et sociologue Jean-Claude Kaufmann raconte la Saint-Valentin des temps anciens. Et prouve que le "mythe" de Saint Valentin, en tant que personnage chrétien, a été largement détourné à des fins politiques, religieuses, économiques et bien sexuelles. Des fins polluantes. Des fins mondaines. De quoi se surprendre aujourd'hui de ceux qui abhorrent cette fête souvent mièvre ou archi-commerciale alors?       

        Des robes rouges alignées partout dans la ville. Des chaussures de même couleur non plus. Des pacotilles de fleurs artificielles à la couleur du sang greffées sur une avalanche d'étalages, de vilaines publicités  Tv et radio des clubs night et des bars restaurants qui invitent au festival des conneries vides. Ainsi, va grande grandissante dans notre société, la promotion du sexe à visage découvert à côté de l'excellente percée tacite que connaît la prostitution outrancière, ce que Rudya Kipling appelait le plus vieux commerce du monde. Et là c'est de l'euphémisme. Même dans les factions religieuses, censées de bienséance et d'exemplarité, l'amour subi une désarticulation affreuse inquiétante. D'autres horreurs sont connus. D'autres non. Qu'il vous souvienne, c'est dans ce mois de février qu'on a surpris un pasteur en délectation de la pomme défendue d'une de ses fidèles dans un quartier réputé de Cotonou. Le fameux Agla. En un laps de temps, la vidéo a vite fait le buzz sur les réseaux sociaux à l'assaut d'une flopée de commentaires ridiculisants.

      14 février! 14 février! Saint Valentin! Saint Valentin! Zéro. Rien de bon là. C'est un concept scandaleux d'un monde pris en otage par la dégradation vertigineuse des valeurs sociétales. C'est le symbole par excellence, malheureusement, des sales retrouvailles des ''moi'' vides, des débris humains, mieux des êtres moribonds au détour d'un festin immonde qui se moque royalement de l'éthique et de la morale. L'inconcevable dans ce théâtre hideux, c'est le silence indifférent des pouvoirs publics face à l'ampleur du phénomène surtout dans les milieux scolaires et la prolifération massive des auberges, des hôtels hors-normes, des chambres de passage... au sein des grandes villes et des  faubourgs où la pratique du sexe, et non de l'amour, s'exprime mal au détriment de la dignité. L'ancrage des débauches. Promotion sexuelle. Commerce charnel. Bestialité effrénée. Fantasme. Exploitation économique du corps vivant. Voilà à quoi rime la célébration de la Saint Valentin, cette fête aux origines douteuses et mutiprovenance. Le 14 février de cette année, c'est aussi le mercredi Saint, donc le mercredi qui consacre le rite des cendres, par ricochet l'amorce des carêmes selon les dogmes de l'église catholique romaine. Cependant, tenez-vous bien, cette symbolique fortuite coïncidence ne reculerait  guère les hommes voués au progrès de la bestialité dans leur obstination quotidienne. Pour vous en convaincre, à la sortie de l'église,  enfilez une sapologie toute rouge en bon investigateur déguisé flanqué d'une grosse proxénète occasionnelle. Puis, curiosité aidant, allez découvrir par vous-même jusqu'à quel degré les incongrus vont encore se nuire, s'enivrer, ce soir au fond des bassesses à la faveur de la nuit, de l'obscurité et des jeux de lumières dans les officines déshumanisantes. Pouah!